07/12/2009

Raphaël Zarka : Topographie Anecdotée du skateboard

Mercredi 9 décembre, 19h30 Auditorium du CAPC.
Entrée 3 euros

Topographie Anecdotée du skateboard (2008), film, 40'

Topographie Anecdotée du skateboard (2008) est un film de montage où, à partir d'une quarantaine de documentaires, de films ou de vidéos de skate réalisés entre 1964 et 2006, Raphaël Zarka dresse une typologie des espaces du skateboard en mettant en avant la relation entre les espaces trouvés (ceux que s'approprient les skateurs) et les espaces construits pour cette pratique. Topographie Anecdotée du skateboard fait suite à deux livres que l'artiste a consacrés à la pratique du skateboard : Conjonction Interdite (2003, réédité aux éditons F7 en 2007) et Une Journée sans vague, chronologie lacunaire du skateboard (2006, réédité aux éditions B42 en 2009).

Né en 1977, Raphaël Zarka est artiste, il est représenté par les galeries Michel Rein (Paris) et Motive (Amsterdam).

05/11/2009

De la France mystérieuse... par Pierre Fisher et Justin Meekel

« Suite à la trouvaille du Guide de la France Mystérieuse, écrit en 1966 par René Alleau, nous partons pendant plus d’un mois sur les routes de France dans l’espoir de débusquer de nouveaux mystères. Les rencontres et découvertes satisfaisantes sont ensuite formalisées dans des livrets édités et distribués tout au long de notre parcours grâce à une Peugeot 205 réaménagée en mini-imprimerie. Une série de 8 livrets ont été produits entre le 8 juillet et le 13 août 2009. »

"Following our discovery of the Guide de la France Mystérieuse, written by René Alleau in 1966, we decided to embark on a tour lasting a little over a month on the back-roads of France hoping to discover new mysteries. The results of our most fruitful discoveries and encounters were published in a series of booklets and distributed along our route thanks to a Peugeot 205, which had been converted into a mini-printing press."

Pierre Fisher et Justin Meekel, De la France Mystérieuse, 2009
8 livrets réalisés à Bézu-la-Forêt, Pont-Audemer, Plourin-Ploudalmézeau, Brasparts, Montrichard, Moncoutant, Bize-Minervois, Balaruc-le-Vieux, Pertuis, Oppède, Chanteuges, Les Martres-de-Veyre, Nantua, Matafélon, Broye-les-Pesmes et Obermodern-Zutzendorf
Entre 12 et 2
0 pages, 17,5 x 11 cm, édition illimitée français / anglais


"Le déchireur fou", pp. 22, 23, n°2, Plourin Ploudalmézeau,
in
De la France Mystérieuse, de Pierre Fischer et Justin Meekel, (2009)


pages extraites du Guide de la France Mystérieuse,de René Alleau (1966),
reproduites in n°9
Chanteuges, De la France Mystérieuse, de Pierre Fischer et Justin Meekel, (2009), p. 89


28/10/2009

Recycling : 2012 Architecten + Cornelia Lauf


Chair Way to Heaven (Reading Room)

Conçu par 2012 Architecten

Bibliothèque curatée par Cornelia Lauf





Le recyclage est au centre de la stratégie de conception de 2012 Architecten. La prise en compte des conditions de la collecte au sein d’un périmètre de moins de 50 km du site d’un projet est impératif. Selon la nature des matériaux récupérés, les mises en oeuvre sont inattendues. La conception ne relève pas d’un processus linéaire mais elle est envisagée comme une phase inscrite dans un cycle continu de création. Les architectes ont par ailleurs initié une plateforme collaborative, Superuse, qui propose aux architectes et à tous les publics de mettre en commun des réalisations innovantes dans le domaine du recyclage des déchets. Pour Insiders, ils ont réalisés une surprenante construction de chaises accueillant la bibliothèque de l’exposition. C.P.


Recycling is at the centre of 2012 Architecten’s design strategy. Waste collected less than 50 kms from the project site forms an essential part of their work. The nature of the waste calls for unexpected methods. Here, design is not a linear process but a phase in a continuous cycle of recreation. The architects are also the initiators of a collaborative platform called Superuse which offers architects and the general public to pool innovative designs in the field of waste recycling. For Insiders they have designed and made a surprising construction of chairs that stands as of the exhibition’s library. C.P.


« Le contenu de cette salle de lecture est le résultat de la fusion de trois listes de lecture : celle que j’utilise lors de mes cours de curatorial studies à l’Université de Venise, celle élaborée par arc en rêve et celle du CAPC. Chaque liste donne une idée de la façon dont on peut aborder l’exposition, la collecte et la sélection de ce qui mérite une attention particulière. Demandez à un artiste, un curator, un gardien de musée ou un étudiant une liste de livres sur la question de l’exposition, chacune d’elle sera différente. Le but de mêler ces listes est de montrer la portée philosophique des écrits sur la nature même de ce qu’exposer implique. Mais qui décide de ce qui a une valeur culturelle ? Dans cette chambre de lecture conçue par 2012, une réponse est proposée : tout un chacun. » C.Lauf

Photographes : Pierre Antoine Christian Lesemann


Collecting : 4 Taxis


Hoy es el día de Roy Orbison en Oaxaca, Oaxaca, 2009

vidéo 14’

courtesy des artistes



Le Jour de Roy Orbison* à Oaxaca, Mexique, le 6 décembre 1993, cinq années après la mort du rockeur, est une manifestation commémorative créée par le groupe 4 Taxis et Frédéric Duprat. L’événement consiste à faire sillonner une voiture haut-parleur dans les rues de la ville pour annoncer la journée d’hommage à l’auteur-compositeur-interprète Roy Orbison au moyen de la diffusion de ses chansons et de la lecture de sa biographie. Le trajet se poursuit sur le site précolombien de Monte Alban, plus précisément dans la tombe numéro 7, vide, d’où s’échappent quelques mesures de In the real world. La journée s’achève place de la Soledad. Des mariachis jouent et chantent des lloronas près d’un calicot représentant Roy Orbison dans les flammes. 4 Taxis

*Cette manifestation s’inscrit dans la mouvance d’un groupe informel composé du groupe 4 Taxis, Guitar-Shaped Cakes, Grand Orchestre Berthelot et quelques proches qui ont instauré « la convention du 6 décembre » dédiée à la mémoire de Roy Orbison décédé d’une crise cardiaque le 6 décembre 1988.


Roy Orbison’s Day in Oaxaca* was created in Mexico on 6 December 1993 by 4 Taxis and Frédéric Duprat. A car with a megaphone drove around the streets announcing Roy Orbison Day, playing his songs and talking about his life. They then continued to the pre-Colombian site of Monte Alban, and more precisely to Tomb Number 7 (empty), where a few bars of the song In the real world could be heard. The day ended on Soledad Square. Mariachis played lloronas next to a banner depicting Roy Orbison in flames. 4 Taxis

*This event is part of a mouvement created by an informal group composed by 4 taxis, Guitar-Shaped Cakes, Grand Orchestre Berthelot and some other friends who instored “la convention du 6 décembre” dedicated to the memory of Roy Orbison who died of heard attack on decembre 6th, 1988.



La Mona, Maison statue de / Statue house of Armando Munoz Garcia, Tijuana. Photo @ 4 Taxis

02/10/2009

De Christoph Gossweiler #2 : Insiders Comex



1. Différentes cloches à plongeurs ayant servis au cours des années 70 et 80 sont placées de ci de là sur les parkings...



2. (jeepo1/02) "TOTAL SUB 1"
Sous-marin humide destiné au champ pétrolier de ZAKUM (Golfe Pe
rsique) où il fut opéré par COMEX comme "jeep des profondeurs" sorte de véhicule de dépannage sous-marin pour 5 plongeurs et leur outillage.
Profondeur: 60 mètres.
Vitesse: 5 nœuds.
Construit en 1969


3. "MIP 600"
Module d'intervention profonde destiné à l'observation.
Profondeur: 600 mètres
Construit en 1974


Liens :
miniflotte.net
Lien direct (pages 2 & 3)

De Christoph Gossweiler


Animals in advertising - Bears. (1) 1991 - Your Russian partners are waiting. - airline. (2) 1993 - Union is strength. - packaging.

- accumulation à peu près (ou plutôt ramassis adventice ?) ici

- présentation "systématique" : ici

- interprétation compétente : ici

... et même l’œuvre artistique en fait partie : ici

Le Freistilmuseum


Vue de la première exposition historique du Freistilmuseum, 1979, Windisch (Argovie)

Ce « musée » d’un genre un peu particulier fut créé en 1979 à Zofingen en Suisse, à l’initiative des artistes Christoph Gossweiler, Hans Ruedi Steider et Michael Stuker. Pensée comme une collection plutôt qu’une institution, le Freistilmuseum (musée du style libre) n’existe que temporairement à l’occasion d’expositions.

Les collections se composent essentiellement de photographies amateurs, coupures de presses, modèles réduits, albums de philatélies et autres bizarreries acquises depuis plus de 30 ans. Parallèlement à ce projet collectif anonyme, chaque artiste à su développer sa propre pratique artistique. Ainsi, Christoph Gossweiler est surtout connu pour ses peintures monochromes.

Le Freistilmuseum est né d’un besoin de montrer d’autres référents comme des alternatives possibles à l’histoire de la modernité artistique. Sorte de critique institutionnelle à l’échelle locale, ils souhaitaient recréer un terrain propice au développement d’une scène artistique en Argovie, canton coincé entre Zurich et Bâle.

Pour le CAPC, Christoph Gossweiler et Tiphanie Blanc collaborent afin d’activer un certain nombre de ces archives. Ces documents vus à travers le spectre du Freistilmuseum nous immergent dans des gestes de collectionneurs passionnés voir obsessionnels pensés comme « Insiders ».

Christoph Gossweiler est né en 1950 à Hüttlingen, il vit est travaille Strengelbach (Suisse). Il a participé à plusieurs expositions collectives ces dernières années comme au Centre Culturel Suisse de Paris en 2005 ou plus récemment dans les expositions « Abstraction – Extension » et « Abstraction étendue » présentées à la Fondation Salomon et à l’Espace de l’Art Concret en 2008. Il est représenté par la galerie Hubert Bächler à Zurich.

29/09/2009

Lac Klazminskoye,Russie, pavillons

Alexandre Brodsky, Moscou, architecte


Vodka Ceremony Pavillion, Alexander Brodsky, Lac Klazminskoye, Moscou, 2004
© Yuri Palmin

Somewhere between idealized cabins and primitive dwellings, Alexander Brodsky’s constructions are a transcription of aspects of the traditional Russian lifestyle: relaxing, swimming, fishing on the lakeside in the summer, or drinking vodka on frozen lakes. Deprived of architectural commissions both under the socialist regime and since the advent of liberalism, Brodsky has built his reputation in the American artistic community thanks to buildings made of paper. His commissioned constructions are mostly built in a chosen area of experimentation: the shores of Lake Klazminskoye near Moscow. The timeless, poetic, precarious creations presented here seem threatened, making new from old as if to highlight the ineluctible march of destiny. The materials used are all second-hand and seem eternally old: windows, doors and fences picked up when buildings are demolished.

Entre rêves de cabanes et demeures primitives, les pavillons d’Alexandre Brodsky sont une retranscription des modes de vie russes attachés à la détente, la baignade, la pêche au bord d’un lac l’été et aussi la consommation de vodka sur un lac gelé. Privé de commande architecturale, sous le régime socialiste et de même depuis l’avènement
du libéralisme, cet architecte s’est fait reconnaître par le milieu artistique américain pour ses projets théoriques. Aujourd’hui, ses constructions actuelles, oeuvres répondant à des commandes, sont édifiées pour la plupart d’entre elles sur un territoire qui permet l’expérimentation : les berges du lac Klazminskoye, à côté de Moscou. Sans âge, ses réalisations poétiques et précaires semblent menacées. Elles fabriquent de l’inédit avec de vieux matériaux, soulignant ainsi l’inéluctable cours du destin. Les éléments de construction utilisés ici proviennent tous de démolitions : les fenêtres, les portes et les grillages usagés y trouvent une vie éternelle.

E.T.

Peter fattinger, interview


The exhibition INSIDERS, is an investigation, that try to shows and deals about the new alternatives way of practicing architecture. How the discipline call herself into question, how architecture put herself at the service, how does she invent new territories, new accounts, new fictions, weave social links. I had the feeling that architecture borrow or return to many popular knowledge for renewing itself…. Your feeling about that ?

PETER FATTINGER: Especially in practicing architecture, which really has such a momentous impact on so many fields of daily life, it is important to leave the narrow normative tracks and search for alternative ways. There is a big potential of exploring and inventing alternative processes already in the course of the academic architectural education. You can gain so much knowledge just by doing things yourself. This personal hands on involvement in project execution triggers a process where ideas are not just implemented, but further inspired. Therefore bricolage can be a perfect source for new ideas.

You are architect, you are teacher, and you make the choice to teach in building with students. In that way it define one of the new alternative frame of practicing architecture…How do you define, explain your own practice? How does it start for you ? Which feeling had make the decision to go further in that way ? And the assessment by report to that ?

P.F: Since 2000 I am running a design-build studio at Vienna University of Technology. Together with my students, we are designing and building architecture in collective teamwork, with an intense hands-on approach, through all project-stages, with all the related responsibilities and consequences: from drawing the initial sketch to carrying out the entire construction works and finally even organizing the opening-ceremony. By closing a process-circle of thought and action, we very directly and personally come to a built result. The students get the big picture of what producing architecture means and finally, when the building is in use, they get directly aware of what their ideas have brought about. At the same time and in the same team we are acting as initiators-researchers-designers-fundraisers-builders and sometimes even operators of an architecture in public interest. Our projects range from temporary, useable and inhabitable installations for the urban public space in European cities to permanent buildings for social institutions, like kindergartens, care centres and orphanages in South African townships and Indonesian disaster areas. The students leave the classroom to get confronted with real tasks and real conditions. Especially with the extra-european projects, the construction sites – far away from the environment the students are used to, not only in geographical, but also in social terms – become their places of work and learning for several weeks. Cooperative work for and with the local population fosters both a mutual cultural exchange and an awareness of what architecture truly means for the majority of the world’s population.










Some people speaks about a fashion attitude, an avatar or misadventure of postmodernism ? Does it have to be prolonged, to be transmitted, to be developed in the next couple of years and how ?
P.F: Within the last 10 years we gained a lot of experience in doing design-build projects with our students, starting with small projects and continuously raising the complexity and dimensions of the building tasks year by year.
In 2003 we did a pilot-project in the South African township Orange Farm, designing and building a day-centre and workshop for disabled people. As the project worked out great we continued with another two buildings in the following years, a home for disabled and a kindergarten. In the meantime eight schools of architecture from Austria and Germany followed the idea to do building projects in South African townships and joined together in a busy network, called Sarch.
So of course there is a kind of trend at schools of architecture to offer these alternative paths of architectural education and experience. Actually I do not see this as a fashion attitude, but as a long-term chance to reconsider architectural education and the making of architecture as a complete process, where students can interfere very directly and have to take over responsibility for their thoughts and actions.
Consequently we will continue with these projects in the next years and are looking forward to new challenging building tasks.

Interview with Eric Troussicot, August 2009

Le Rituel d’auto-vandalisme, commune de Saint Germain du Bel air. Par Claire Moulène

Ce texte est extrait du catalogue :
Grand Chaos et Tiroirs, dir. Claire Moulène et Mathilde Villeneuve, Coédition B42, Paris, Les ateliers des Arques, 2008
Un livre de promeneurs et de collectionneurs, une documentation subjective et décloisonnée du folklore contemporain :


photographie Dominique Saur

Avec le temps, la normalisation politique et policière auront peut-être eu raison de plus d’un siècle de folklore local. Héritier indirect du charivari, le rituel ancestral de « l’enlèvement* » consistait, durant la fête votive de la commune de Saint Germain du bel air en Pays de Bourianne, au prélèvement systématique, sur la voie publique, d’éléments en tous genres. Panneaux de circulation, jardinières, poteaux électriques, enseignes, outils, mobilier de jardin, volets, bétail égaré, tuiles et portails : tout y passait, dans une belle confusion des genres venue alimenter l’esprit festif et nécessairement subversif de la fête annuelle. Effectué durant la nuit par une population – plutôt jeune – résidente du village, ce rituel prenait alors la forme plus ou moins cocasse d’un auto-vandalisme. Le lendemain, jeunes et vieux se rassemblaient sur la place centrale du village, à la Bascule (qui servait autrefois, dans ce village agricole, à la pesée des céréales et du bétail), admirer ce butin oh combien familier. Et pour cause : chacun des objets et trouvailles réunis sur la place appartenait en propre à l’un et à l’autre, au voisin le plus proche comme à celui domicilié de l’autre côté du bourg.
Directement inscrit dans le découpage séquentiel de la fête votive (liée aux origines à la célébration du Saint Patron du village avant de se décaler aux beaux jours pour donner le calendrier actuel) qui, généralement répartie sur trois jours consacre un temps à la jeunesse (soirée du samedi soir), un temps à la parade (avec le grand bal d’apparat) et enfin une dernière journée strictement réservée à la communauté villageoise, le rituel de l’enlèvement se déroule généralement le dernier soir. Une façon de boucler la boucle de cette dernière journée bien spécifique baptisée la « refête » (ou « rèirevota »), et qui correspond au moment où la collectivité se met en scène sur le mode de l’introspection et de l’entre-soi. Durant cette nuit, il s’agit pour la communauté improvisée (quoique très ritualisée puisque quasi exclusivement composée de jeunes gens) de faire preuve d’audace et d’inventivité. D’années en années, les nouveaux arrivants et les passeurs de générations tentent de surpasser les exploits réalisés par le passé. On assiste également à une forme de compétition entre les petits groupes de pilleurs qui se forment pendant la nuit tandis qu’il est de bon ton d’amplifier encore cette performance nocturne en accrochant aux arbres et aux enseignes toutes sortes d’objets incongrus. A une heure avancée, les troupes s’essoufflent et finissent par se retrouver sur la place du village pour mieux admirer leur trésor aux allures de vide grenier géant.
Pour Dominique Saur, responsable du secteur ethnologique des Archives départementales du Lot et auteur d’une thèse sur les fêtes votives lotoises, « les farces font surgir deux facettes antinomiques de la notion de travail, la gratuité de l’effort fourni dans l’obscurité du village endormi se présentant comme un double inversé du travail de production de la fête, de sa mise en place ». La fête, il est vrai, ne perdure d’années en années qu’au gré des bonnes volontés qui s’organisent désormais en comités des fêtes assurant la gestion et le bon déroulement de la manifestation. Une « institutionnalisation » généralisée de la fête qui n’a cependant pas enterrée la longue tradition des aubades précédant fatalement le temps des réjouissances. Une journée durant, une équipe de collecteurs et de musiciens sillonne le bourg et l’ensemble de la commune. En échange d’une ritournelle et d’un présent qui prend tantôt la forme d’une fleur en papier tantôt celle d’un gâteau (la coque, par exemple, gâteau traditionnel lotois), les villageois déposent une somme d’argent – généralement assez conséquente – dans un panier ou un carton prévu à cet effet. Seuls les foyers frappés par un deuil récent sont épargnés par la tournée aux aubades.

photographie Dominique Saur

La procédure d’enlèvement pourtant harassante, repose à contrario sur la gratuité du geste et l’extrême abnégation de ses adeptes. En échange, on peut supposer qu’ils y gagnent, du moins symboliquement, un droit temporaire sur l’ordre en place dans la commune. Par ailleurs, en obligeant les habitants à venir rechercher le lendemain l’ensemble de leurs biens sur la place du village, ils concentrent une dernière fois l’esprit communautaire de la fête.
Le rituel de l’enlèvement, à bien des égards, pourrait s’apparenter à une forme de charivari silencieux. D’étymologie inconnu, le Charivari ou Chahut est un rituel collectif occidental daté du XIVème siècle. Assez proche du carnaval, il n’est pas lié, contrairement à ce dernier, au calendrier mais s’inscrit dans la lignée d’un rite païen lié, aux origines, à la volonté ou à la nécessité de « faire du bruit » afin de conjurer la mauvaise augure d’un mariage mal assorti (d’un homme âgé avec une jeune femme par exemple) ou d’un remariage. Armé de poêles, casseroles, chaudrons, sifflets et huées, les villageois venaient ainsi faire du tapage, la nuit, devant la maison des amants irréguliers. Avec le temps, seule la dimension de chahut assourdissant a subsisté. On retrouve dans les fêtes de village cette superposition d’éléments sonores dissonants. « Aux bandes enregistrées des manèges se mêlent les déflagrations du tir des carabines, le brisement du verre des casse bouteilles, le claquement sec des pétards, le tout étant inéxorablement broyé par la puissance de la sonorisation de l’orchestre au fur et à mesure que l’on s’approche de la piste du bal » raconte encore la folkloriste Dominique Saur. Et si, étrangement, le temps de l’enlèvement leur oppose le silence feutré de la nuit (il s’agit au contraire de faire le moins de bruit possible afin de ne pas se faire repérer) l’on retrouve au cœur de ce rituel la notion toute charivaresque de monde à l’envers : confusion volontaire entre ce qui relève de l’espace public et ce qui au contraire appartient à la sphère privée ; notion baroque d’auto-vandalisme (les pilleurs n’hésitant pas à cambrioler leur propre patrimoine). Par ailleurs, on assiste, au-delà des conventions sociales, à une forme de re-hiérarchisation de la communauté en fonction du degré de tolérance des uns et des autres : les plus hostiles (ceux qui ne se prêtent pas au jeu ou osent se plaindre) bénéficiant d’un « traitement de faveur » sans égal (les maraudeurs sont d’autant plus sévères avec eux), tandis que les bons joueurs se voient relativement épargnés par ces pirates d’un soir.
On peut dater à une poignée d’années seulement l’arrêt progressif et nécessairement tacite (le rituel ne repose sur aucune consigne écrite) de ce jeu de l’enlèvement. S’il n’y a pas de faits majeurs qui président à cette décision et compte tenu que l’on ne peut pas gager absolument d’un effet direct du durcissement politique de ces dernières années, disons plutôt que c’est un phénomène propre à la ruralité française qui aura eu raison de cette subsistance folklorique. En effet, si la condition sine qua non de cette pratique de l’enlèvement reposait sur cette forme étrange d’auto-vandalisme, on peut considérer que c’est la moindre endogamie de cette entreprise ubuesque (du fait de la fuite massive des autochtones et du rachat non moins massif des propriétés par des non natifs peu coutumiers du folklore local ) qui aura sans doute conduit à la mort ce rituel vieux de plusieurs décennies, voire de plusieurs siècles.

* le rituel ne portant pas de nom précis, nous avons opté pour l’intitulé le plus explicite et le plus évocateur.

23/09/2009

Vernissage / Opening : 9.10 16h / 4 p.m.

avec / with :
2012 Architecten / Cornelia Lauf
4 Taxis
Kim Adams
Cory Arcangel
Vladimir Arkhipov
Bertille Bak
Ball & Nogues Studio
Leah Beeferman
Patrick Bouchain
Alexander Brodsky
Patrice Caillet
Jean-Marc Chapoulie et Denis Savary
Raimond Chaves / Inti Guerrero (performance)
Cybermohalla / Cédric Vincent
Călin Dan
Burning Man Festival
Stefan Canham + Rufina Wu
Crimsons Architectural Historians + Felix Rottenberg
Burö Detours
Jeremy Deller
Daniel Dewar & Grégory Gicquel, Mick Peter, Aiden & Agnes Fynch
Stephane Doesinger
Jimmie Durham
Thierry Ehrmann
El Ultimo Grito
EqA
Ruth Ewan
Fashion Architecture Taste
Peter Fattinger + Design-Build
Cao Fei
Peter Fischli & David Weiss
Pierre Fisher et Justin Meekel
Freistilmuseum / Tiphanie Blanc
Terunobu Fujimori
Anna Galtarossa & Daniel Gonzalez
Dionisio Gonzalez
Gramazio & Kohler
Richard Greaves
Peter Haimerl
Helen & Hard
Anna Heringer & Eike Roswag
HildunK
Victor Houteff / Jim Shaw
Interbreeding Field
Pierre Joseph
Alan Kane
Igloo Media Patrimoniu
Mike Kelley
le Vilain
Laurent Legall
Jacques Lœuille
Abu Bakarr Mansaray
Joseph Marzolla
Asier Mendizabal
Mathieu Mercier
MMW
Christodoulos Panayiotou
Gaël Peltier
Nikolay Polissky
Marjetica Potrc
Arne Quinze
Raumlabor
Pedro G. Romero / Archivo F.X.
Adelfo Scaranello
Janet Lee Scott
Dubravka Sekulic & Ivan Kucina
SPEEDISM
Sitesize
Brad Templeton
Suzanne Treister
Oscar Tuazon
Marcel Türkowsky
Viljoen & Bohn
Kaï Vockler + Archis Interventions
Mario Ybarra jr.
Raphaël Zarka (conférence)
Andrea Zittel
...

commissariat / curators
pour arc en rêve :
Francine Fort, directrice générale
Michel Jacques, architecte
Claire Petetin, architecte
Eric Troussicot, architecte
pour le CAPC :
Charlotte Laubard, directrice
Yann Chateigné Tytelman, responsable des projets
Émilie Renard, commissaire invitée
Christophe Kihm, conseiller scientifique invité

22/09/2009

Celebrating: "A Jukebox of People Trying to Change the World" by Ruth Ewan

Le jukebox rassemble plus de huit cent chansons idéalistes ou politiques collectées par l’artiste britannique Ruth Ewan depuis 2003. La compilation est structurée en plus de soixante-dix catégories telles que le féminisme, l’écologie, l’anti-thatchérisme, la révolution, l’Amérique Centrale, les jeunes, l’éducation… On y trouve aussi bien Robert Burns, Billie Holliday, Joan Baez, Manu Chao, Black Sabbath, que des chansons hébraïques, tibétaines, de l’Union des Populations de l’Angola… Dépassant les clivages stylistiques, la collecte d’Ewan met en lumière le processus de démocratisation des idées radicales, entre décantation, appropriation, et transformation.
Photo courtesy de l'artiste

Celebrating: Bilbao and Pabilioia by Asier Mendizabal


What are Bilbao and Pabilioia photographic series about?
They are the result of a documenting process that took place, on a yearly basis, from 2002 to 2007. It is the documentation process of the building up of makeshift open air bars, txoznas, for the summer fiesta (Bilbao), and the preparation of the parade for the carnival festivities (Pabilioia), both in Bilbao. In both cases, the subject of these activities is a collective entity called comparsa, a constituted group of individuals, often with a previous common interest, which takes part in the organisation and dynamisation of the popular celebrations.
The carnivalesque, transgressive time of exception that takes place in the streets of towns and cities in Spain is a tradition that was almost totally erased, in its whole popular dimension, during the morally strict dictatorship years. It is in the transitional lapse of political enthusiasm that built up in the late seventies that the emancipatory aspect of these festivities is reclaimed in a context where it was necessarily influenced by political, often radical, representations. In this case, the basque context built a whole secular ritual around fiesta and political claim of the streets, of which the history of the Bilbao case is the most paradigmatic. As a response to the stiff, unpopular festivities associated with the bullfighting calendar that marked the Bilbao festivity during francoism, local institutions understood the need, in 1979, for a renewal of the Semana Grande in which social movements, neighborhood associations and political actors would propose a model for the fiesta. The proposal that gained consensus was a creative model of collective participation and self organisation designed by some of the most radically leftist social agents of the city at that time. The central figure of this self organisation of the party space was the comparsa, collectives founded specifically for the participation and dynamisation of the fiesta, which gathered around preexistent points of convergence, from neighborhood associations, to political groups of different ideologies. The model has subsequently gone through a steady process of normalisation in which a fragile balance between an official, organised aspect of the event and its original spontaneously popular and political side of it have to be constantly negotiated.
How would you describe your working method?
A constant motif in my work has been the identification and isolation of the symbolic codes and signs around which collective identity configures itself. The group that acquires its self-conscious definition, its form, through the very actions and codes it employs. It has been a way to insist on an awareness of how the signifier, in its material condition, configures the very content of these identities, operating with the excess inherent to its logic of enjoyment and desire.The case of the specific codes of the fiesta and the carnival as transitory spaces of transgression, in the shaping of the collectives, was double in this case: It refers, fundamentally, to the shaping of the collective subject of the group, the comparsa, built around its actions and rituals (the bricolage set at work in the building of the bars being the epitome of this notion of action). But it also refers to a broather sense of collective identification with a cultural behaviour, which is made to coincide, ideologically, with a more essentialist, totalising notion of cultural identity: that of the basque nationalist project. The series are part of my ongoing project of analysis of these signs with the intention of problematising these ideological givens. Another factor that has been important throughout my practice and which is implied here alludes to the very nature of the documentary itself. The ideologically determined assumption that it is in the veracity and pedagogic quality of documentary where political representation becomes more plausible and pertinent. The problem of realism and political efficacy. In this case, a very formal approach to the actions represented, and an unsettling ambiguity as to what exactly is the nature of the practices documented, would intend to problematize the status of documentary in its ideological dimension.
Interview with Yann Chateigné Tytelman, August 2009

27/08/2009

29/07/2009

Recycling: Kim Adams' research photographs














Un millier d’images. C’est ce qu’a accumulé l’artiste canadien Kim Adams depuis les années 1970 au gré de ses pérégrinations. Cette recherche photographique qui nourrit le travail de sculpture de l’artiste, présente toutes sortes de créations humaines : des accumulations d’épaves, des abris improvisés à partir d’éléments de récupération, des voitures customisées, des magasins sur roues, des caravanes intégrées dans des habitations… Nées d’une tradition de la mobilité particulièrement forte au Nord de l’Amérique, elles célèbrent l’habilité des êtres à transformer leur environnement en fonction des contingences. Une esthétique de la customisation post-industrielle, à la fois ingénieuse et parfois délirante.

Celebrating : Wonderland in Limassol, Cyprus







Christodoulos Panayiotou, Wonderland, 2008. 80 color slides, realized with the collaboration of the Municipal Archives of the City of Limassol, Cyprus.

“(...) I have never participated in the carnival's organized activities, nor have I ever joined in the parade. I never understood the motive nor did I feel the festive impulse that many carnival participants can describe so comfortably. To be honest, I have never believed in it because I have never quite seen this impulse realized, especially in the parade, which was the focus of my last work. My own observations and my research in the related photographic archives have made something evident: in the past few years, the preparations for the carnival have become a kind of imposed and somehow covered up melancholy. This feeling becomes, I think, even more intense in the children. It might be a projection, but I get the impression that the carnival parades of Limassol have acquired the rehearsed character of our own archaeology. The parade is a kind of revelation of everything we would like to be, of everything we know we cannot be, and of everything we cannot afford to accept that we are.”

Extract from a conversation between Christodoulos Panayiotou and Nicos Charalambidis published in Art Papers Magazine.

Wonder Land is the outcome of extensive research in the historical archives of the city of Limassol pointing out the “obsession” of limassolians to disguise into Disney's characters during the annual carnival parade. The work covers the period from the late 70s up to present and renegotiates the historic and political narrative of this important social event.

Christodoulos Panayiotou's website
Christodoulos Panayitou's blog

24/07/2009

Recycling: Ball-Nogues' canopies


Copper Droop Scape, Coachella Music and Arts Festival, 2008




Liquid Sky, PS1, Long Island City, NY, 2007



Skin + Bones, Paralell Practices in Fashion and Architecture, MOCA, Los Angeles, 2006

"Ball-Nogues Studio is an integrated design and fabrication practice that creates experimental built environments to enhance and celebrate the potential for social interaction through sensation, spectacle and physical engagement while striving to infuse the matter of the built environment with a downstream purpose. To achieve these results, we work with unusual materials, develop new digital tools, and apply architectural techniques in unorthodox ways. We share an enthusiasm for the fabrication process as it relates to the built object both physically and poetically by letting the properties, limitations, and economic scenarios associated with a material guide a structure’s ultimate form while developing methods to extend the intertwined boundaries of a material’s aesthetics, physical potential and lifecycle.
We seek opportunities to build that are outside the treacherous restraints of the conventional architectural milieu so that we may more tightly focus our energies on research and practice that directly addresses the experiential realm of the physically constructed world and the transition of material from an architecturally scaled structure through its dismantling and beyond. Our design process is a carefully orchestrated collaboration between partners – one focused on digital development, the other using a hands-on approach to fabrication research. Scale models, computer models, and full scale mock-ups inform one another in a cycle of feedback so we may study all aspects of a design at various scales and through various media. While this approach is not a new development in the field of architecture we feel that it is essential given the rapid evolution of computer modeling techniques, CNC fabrication capabilities and exciting material discoveries. We do not seek to distance ourselves from the built environment through the use of digital tools…rather we seek to master their use, reinterpret their capabilities and adapt or modify them to suit our intentions."